Zakhor lo Tichka’h… Souviens-toi, n’oublie pas !

A chacune de nos cérémonies commémorant soit la Déportation soit la Shoah, je prononce cette phrase avec émotion car comment ne pas être ému à l’évocation de la mémoire de celles et ceux qui sont morts pour rien, assassinés par la barbarie nazie parce que nés juifs…

Monsieur le Préfet des Hauts-de-Seine,

Monsieur le Maire,

Monsieur le Président du Consistoire Central de France,

Mesdames et Messieurs les élus,

Messieurs les Présidents d’Associations,

Messieurs les Rabbins, Mon Père,

Mesdames, Messieurs, Mes chers amis,

A l’entrée du Mémorial Yad Vashem à Jérusalem, une phrase est inscrite en lettre hébraïque. Cette phrase est la suivante : « La vraie mort, c’est l’oubli » ! Comme seul ce qui est ritualisé est mémorisé, Le CCJN accomplit donc son devoir de mémoire vis-à-vis des 13 Déportés Juifs de Nanterre en inscrivant la date anniversaire de la pose de leur plaque comme journée d’évocation à leur mémoire : Brendel Frumka, Ernest Adalbert, Esperance Albert, Esperance Roger, Goldblech née Reder Chaya, Goldblech Samuel, Guttman Abraham, Guttman Berthe, Harstein née Kimblaat Berthe, Lévine Maurice, Mochal Abraham, Mochal Baryz et Mochal née Salonisky Dwoira. Ils ont droit à toute notre compassion et nos prières.

Zakhor lo Tichka’h…

Oui, la vraie mort c’est l’oubli ! L’oubli où sont tombés les 927 juifs des Hauts de Seine morts comme tant d’autres après avoir été raflés, déportés, humiliés, assassinés puis brûlés n’avait que trop durer. Ils ont disparu de la surface de la Terre en nous laissant ce simple message : « ne nous oubliez pas ! »

Le devoir de réciter le Kaddich, la prière des morts, incombe à chacun car un fils honore son père ou sa mère et nous sommes tous des orphelins de la Shoah. Et si un défunt n’a pas de descendant pour réciter le Kaddich, alors quiconque de la Communauté devra le réciter. Nous sommes là au-delà des clivages politiques ou religieux pour rendre hommage à celles et ceux qui ne sont jamais revenus.

L’action qu’à mener M. Joël Mergui avec l’aide et le soutien du Mémorial de la Shoah, de Me Serge Klarsfeld, de la Fondation pour la Shoah, de la Préfecture et du Conseil Général des HDS a permis d’une part de retrouver la trace de celles et ceux qui ont vu basculer leur vie dans l’horreur et de faire en sorte que leur mémoire soit à jamais honorée sur les lieux même où ils vivaient. Et d’autre part, a permis la réalisation d’une sculpture monumentale au Parc de Sceaux en mémoire aux 927 juifs déportés des HDS. Merci à toi, cher Président et ami de notre communauté.

Ce travail a permis également de mettre à l’honneur quelques hommes et femmes, Justes parmi les Nations. « Les Justes », y compris de nombreuses institutions catholiques ou protestantes, ont caché et sauvé plusieurs milliers d’enfants juifs. Et je voudrais saluer la présence à nos côtés du Père Guy Rondepierre de la Cathédrale Sainte Geneviève de Nanterre. A Nanterre, M. et Mme Cocquet se sont employés à protéger des spoliations des amis juifs avant de les cacher chez eux. En 1999, Yad Vashem a décerné à M. Cocquet, le titre de Juste parmi les Nations.

Si le Maire de Nanterre, M. Patrick Jarry n’avait pas soutenu ce projet d’apposer une plaque, nul doute que nous aurions eu des difficultés à mener à bien notre projet. Non seulement, M. Jarry a exprimé son soutien inconditionnel mais il a fait modifier au cours de l’année 2006 le monument au morts de notre Ville pour que soient gravés dans la pierre les noms de nos 13 Déportés. Pour ce geste, la Communauté Juive de Nanterre vous sera éternellement reconnaissante.

Quant à Monsieur Patrick Strozda, notre nouveau Préfet, je dois dire qu’il m’a surpris par sa réactivité à accepter notre invitation. C’est une véritable marque de respect Monsieur le Préfet, que vous transmettez à celles et ceux que nous honorons aujourd’hui. Dans nos Lois et Traditions juives, et je sais depuis jeudi dernier que vous en connaissez certaines, le respect donné à ceux qui ne sont plus est un acte d’amour de son prochain totalement désintéressé. Merci pour votre présence à nos côtés.

Pour les 13 Déportés juifs de Nanterre qui ne revinrent jamais, merci à vous tous qui êtes là pour honorer leur souvenir et leur mémoire.

A la fin de cette cérémonie, nous vous remettrons une brochure éditée en 2006, à l’initiative du CCJ 92 et de son Président, M. Joël Mergui qui retrace tout ce travail de mémoire.

Nous allumerons dans quelques minutes une bougie à chacun des 13 Déportés, comme on le fait traditionnellement à l’anniversaire de la disparition d’un être cher. Cette flamme allumée symbolise la vie spirituelle qui perdure au-delà de la mort charnelle.

Je vous remercie de votre attention.

Paul Silvéra

Président du CCJN

Dimanche 1er mars 2009